ITALIE - Bologne

Parcourir les 38 kilomètres de portiques qui sillonnent Bologne

12/06/2018

Incontestablement, le visage de Bologne est marqué par ses portiques. Ces arcades sillonnent environ 38 kilomètres dans le vieux centre historique de la ville mais s’étendent aussi à l’extérieur, comme dans la montée vers le Sanctuaire de San Luca.

L'apparition des portiques à cause de l'essor de l'université

L’idée de la construction des portiques est directement liée à la période florissante de la ville grâce à l’université (fondée en 1080 - elle est la plus vieille université d'Europe).

La population augmente : professeurs, étudiants, voyageurs curieux, ... Il faut créer de nouveaux logements pour accueillir tous les étudiants. Mais une loi interdit 'augmenter le périmètre au sol des maisons ou d’ajouter des étages. Les habitants trouvent alors une solution : étendre le premier étage au-dessus de la rue, en les posant sur des « pilotis » en bois.

L’idée ingénieuse se répand et la ville ajoute une réglementation : il est obligatoire de construire un petit muret sur le côté de la route pour empêcher l’eau des pluies stagnant sur la route de salir le sol du portique.

Bologne portiques en bois
Un des plus vieux portiques de Bologne : en bois, avec le muret de protection.

Tout le monde y trouve son compte

En 1288, la commune s'empare de l'idée ingénieuse et impose à toutes les nouvelles constructions d’ajouter ce portique, sous peine d’amende.
La première utilité du portique est donc à portée publique: offrir plus de logements. Mais il est également souvent utiliser par les artisans pour travailler à la lumière, ou par les commerçants pour étaler la marchandise à l'abri des intempéries.

La ville fixe même la hauteur standard du portique : 2,66 mètres pour permettre à un homme à cheval de passer.

Portiques colorés de Bologne : ses arcades
Vanupied - Portiques colorés.

La vie des Bolognais, suite à l'apparition des portiques

Généralement, les propriétaires habitaient au premier étage. L’entrée dans la cour intérieure (pour les chevaux et voitures) se faisaient par une grande porte cochère.
Le visiteur qui arrivait devait sonner à la porte en tirant sur une corde qui actionnait une cloche. Le propriétaire, du haut de son étage, tirait alors sur une sorte de grande poignée sortant du sol de son appartement, pour actionner l’ouverture de la porte. Cette poignée s'appelait le « tiro ».
Mais avant de laisser entrer l'inconnu, le propriétaire regardait par un petit trou dans le plancher, qui était le visiteur.

Tiro poignées portes Bologne
Tiro accroché au mur du restaurant "Il Papagallo"

L'ode au cannabis

A l'entrée de la Via dell'Indipendenza (la rue commerçante principale), du côté de la Piazza Maggiore, attardez-vous sous le portique... Une drôle d'inscription en latin décore l'arcade : "panis vita, canabis protectio, vinum laetitia". Cela signifie "le pain est la vie, le cannabis est la protection, le vin est la joie".
Il semblerait que cette ode au cannabis, comme un des piliers essentiel de la vie, se justifiera par le fait que Bologne s'est développée et enrichie grâce à la culture du chanvre, utilisé pour la production de textile. Il y a même des dessins de feuilles de cannabis !